A défaut d’en avoir pris dans la tête, Rayan Cherki a vu ses prestations être plombées par un comportement qui agace et une incapacité à jouer efficacement. Trois ans après sa masterclass, l’ailier franco-algérien est à un tournant.
Le 18 janvier 2020 restera gravé dans la mémoire de nombreux supporters de l’Olympique Lyonnais. Ce jour-là, l’équipe de Rudi Garcia se déplace à Nantes pour disputer les 16e de finale de la Coupe de France. Du haut de ses 16 ans et 154 jours, Rayan Cherki est titulaire. L’entraîneur lui fait confiance pour remplacer Memphis Depay et Jeff Reine-Adélaïde qui viennent de se blesser grièvement et qui vont manquer la suite de la saison.
Pétri de talent et d’insouciance, le gamin de Pusignan éblouit le public de la Beaujoire. Sa prestation est réussie de A à Z avec deux buts (1ère et 9e minutes) et deux passes décisives offertes à Martin Terrier et Moussa Dembélé. L’OL l’emportait grâce à lui (3-4) et à l’issue de cette rencontre, le gardien Anthony Lopes félicitait son jeune partenaire mais le prévenait déjà pour la suite : "Rayan est sorti du lot, il a été très décisif. A lui de continuer avec cet état d’esprit, avec ces performances. Et de garder la tête sur les épaules (…) de continuer à grandir et à gagner en maturité".
"C'est un garçon à l'écoute", saluait même son entraîneur de l'époque.
Lyon pense alors avoir trouvé le joueur capable de lui faire retrouver les sommets. Même la France croit détenir une pépite que Didier Deschamps pourrait surveiller d’un oeil averti, puisque le sélectionneur ne s’était pas privé pour appeler Kylian Mbappé malgré ses 18 ans.
Rayan Cherki avait tout pour lui : les deux pieds, le dribble, le courage, la frappe, la vista… Mais alors que la date anniversaire de sa masterclass face aux Canaris se rapproche, le bilan comptable est mitigé.
De 30 matchs en 2020-2021, il est passé à une quinzaine par an en moyenne. Son doublé contre Brondby en Ligue des Champions à l’automne 2021 aura été la seule éclaircie dans la purée de pois qui accompagne la plupart de ses entrées en jeu.
Sur les réseaux sociaux, ses fans de la première heure quittent un à un le navire. Trop perso, trop attaché au dribble inutile, lent, Rayan Cherki semble avoir perdu ce qu’il y avait de génial en lui. Et comme Amine Gouiri avant lui, il veut réussir à Lyon et refuse l’idée même d’un prêt en Ligue 1 pour sortir de sa zone de confort.
Un geste résume assez bien ce qui constitue désormais la majeure partie de la carrière du gone : sa panenka effroyable tentée contre Arsenal lors de la Dubaï Super Cup début décembre. Alors que son tir au but devait battre le portier londonien pour rester dans la course, Cherki a tenté ce geste compliqué avec un dilettantisme palpable.
Rudi Garcia l’a lancé dans le grand bain mais n’a pas su le canaliser. Peter Bosz a rapidement baissé les bras et l’a cloué au banc. Laurent Blanc a décidé de le driver et de ne pas le lâcher pour lui faire perdre cette attitude de joueur qui se croit déjà arrivé.
"C'est un garçon pétri de qualités, mais qui ne fait pas toujours les efforts au bon moment et au bon endroit. Dieu sait qu'il faut se prendre la tête avec lui. Ce n'est pas un problème. Je me prendrai la tête avec lui sans problème", déclarait à son sujet le coach avant la coupure du Mondial au Qatar, avant de lui confier les clés du jeu en 2023.
Même certains partenaires montrent aussi leur agacement. Il est donc temps pour Rayan Cherki de reprendre sa carrière en main. Les rumeurs apparues ça et là sur un intérêt irréaliste du Real Madrid ou sur la sélection algérienne sont autant de distractions qui doivent être balayées au profit de prestations décisives. A défaut d’épurer son jeu, l’ancien joueur de l’AS Saint-Priest devrait sérieusement envisager la possibilité de se frotter à la vraie vie de footballeur dans un club en difficulté qui pourrait se sauver grâce à son talent qui n’a pas pu aller bien loin.