Le match à Tottenham, ça reste pour moi un souvenir très fort. On avait gagné le match aller (1-0) grâcer à un but de Fleury Di Nallo inscrit en fin de match, du bout du pied. Pourtant, les Anglais avaient été supérieurs. Mais on avait réussi à s'imposer, ce qui était déjà un bel exploit.
D'ailleurs, nos adversaires n'avaient pas trop apprécié et il y avait eu une altercation dans ma surface de réparation entre André Guy et Alan Mullery, l'attaquant de Tottenham. Les deux joueurs avaient été exclus et ça a failli dégénérer en bagarre générale sur le terrain. Bref, le match aller avait été plutôt tendu.
D'autant que Tottenham était à l'époque l'une des meilleures équipes du championnat d'Angleterre, avec des joueurs comme Pat Jennings, Terry Venables ou Jimmy Greaves. Ils pensaient qu'ils allaient nous battre facilement ! Il faut dire qu'à part Fleury Di Nallo ou Angel Rambert, nous étions tous des anonymes...
Pour le match retour, on s'est retrouvé à White Hart Lane, le stade londonien était plein avec 40 000 spectateurs près du terrain. Une ambiance de feu dont on n'avait pas l'habitude en France. On s'attendait à vivre un enfer.
Connaissant le fighting spirit des Anglais, on savait qu'ils allaient attaquer le match à fond. Moi j'avais 22 ans à l'époque, notre équipe était très jeune. Pour nous, la Coupe d'Europe, c'était nouveau, surtout dans une ambiance pareille.
Et comme attendu, le match avait vraiment mal débuté, les adversaires nous ont attaqués durement, un vrai matraquage. On était pressés et dès les premières minutes, Greaves marque un premier but. Et peu avant la mi-temps, l'arbitre accorde un penalty très sévère aux Anglais, transformé par Greaves. On se retrouve menés deux à zéro à la mi-temps. C'était vraiment le minimum car les joueurs anglais nous ont vraiment bousculé.
On devait marquer au moins un but pour se qualifier. Ca paraissait mission impossible !
Mais au fil des minutes, on a pris la mesure de Tottenham et on a eu la chance de revenir à la marque grâce à Di Nallo dès le début de deuxième période.
Les Anglais marqueront un troisième but dans la foulée, puis cinq minutes plus tard on réduit l'écart par Rambert.
Tottenham inscrit ensuite un quatrième but, mais Mohamed Bouassa réduit à nouveau le score à dix minutes de la fin.
Ce qui nous permet de nous qualifier malgré la défaite (4-3) au bénéfice des buts inscrits à l'extérieur. Au coup de sifflet final, on a explosé de joie. Ca relevait du miracle !
Personnellement, je pense avoir fait un grand match ce jour-là. J'ai eu des dizaines de ballons à négocier. C'est vrai que j'ai pris quatre buts, ça peut faire sourire quand je dis que j'ai été bon. Mais c'est vrai, sinon on en aurait pris huit !
A l'époque, on formait une équipe de copains et on était très solidaires. Ce match face à Tottenham est à l'image des valeurs de l'OL à l'époque : détermination, volonté et solidarité. On n'avait pas une grande équipe mais notre hargne faisait la différence.
Cette saison-là, on a fini à la 12e place du championnat. Une année moyenne, c'est pour ça qu'on a tout donné en Coupe d'Europe. Au tour suivant, on est tombés sur les Allemands de Hambourg. Il a fallu trois matchs pour nous départager, et le troisième match s'était joué à Hambourg, ce qui est complètement anormal. Du coup, on a été éliminés. Je suis sûr que si on avait joué sur terrain neutre, on avait les moyens de passer et d'aller en demi-finale.
Tottenham Hotspurs-Olympique Lyonnais : 4-3 (2-0 à la mi-temps)
A Londres le 13 décembre 1967, stade de White Hart Lane, devant 41 895 spectateurs.
Arbitre : M. De Menbidil (Espagne)
Buts : Greaves (20e et 45e), Jones (56e) et Gilzean (69e) pour Tottenham. Di Nallo (55e), Rambert (58e) et Bouassa (79e) pour Lyon
L'OL entraîné par Louis Hon : Yves Chauveau-Erwin Kuffer-René Rocco-Bernard Lhomme-Yves Flohic-Hector Maison-Raymond Schwinn-Jacky Pin-Fleury Di Nallo-Angel Rambert-Mohamed Bouassa