Le match face à Metz reste pour moi un moment difficile. La saison précédente, on avait terminé deuxième du championnat de France derrière Nantes et on s'était qualifiés pour la Coupe de l'UEFA. On avait notamment éliminé la Lazio Rome avant de chuter face à Nottingham Forest en 8e de finale. On restait donc sur deux bonnes saisons et cette finale de Coupe de la Ligue était une sorte de consécration pour notre équipe. Un groupe composé en majorité de jeunes comme Florian Maurice, Florent Laville, Sylvain Deplace ou Ludovic Giuly, bien encadré par des vieux comme Pascal Olmeta, Jean-Luc Sassus et le brésilien Marcelo.
Avant le match, on était vraiment bien dans nos têtes, même si on avait un peu la pression. Le président Jean-Michel Aulas avait même menacé de démissionner en cas de défaite.
Dans le bus qui nous conduisait au stade, tout le monde était déjà très concentré car on voulait vraiment remporter le trophée pour laisser une trace dans l'histoire de l'OL. D'autant plus qu'on jouait contre Metz qui comptait une génération de joueurs très doués comme Robert Pirès.
La finale se disputait au Parc des Princes devant 42 000 spectateurs dont 15 000 Lyonnais qui avaient fait le déplacement. On avait envie de leur faire plaisir car l'ambiance était vraiment extraordinaire dans les tribunes. Mais on a eu du mal à rentrer dans la partie. Sûrement parce qu'on était un peu stressés.
C'était un match fermé, indécis, pas très spectaculaire. Les deux équipes avaient peur de perdre et ne se livraient pas. D'ailleurs, on ne s'est créé des occasions que sur des contres. En fait, on n'a pas pris de plaisir durant le match parce que l'enjeu était trop important. On peut vraiment dire que l'enjeu a tué le jeu.
A la fin du match, il y avait toujours (0-0). On dispute les prolongations et 20 minutes passent, sans aucune action décisive. A quatre minute de la fin, le messin Adam marque mais son but est refusé pour un hors-jeu évident. Du coup, tout s'est débridé, on sentait qu'on pouvait marquer.
Et à la dernière minute, Florian Maurice me remet un ballon à l'entrée de la surface adverse. Je lobe Sylvain Kastendeuch, le libéro de Metz, et je reprends le ballon de volée en taclant. Et je marque ! Je suis fou de joie mais j'entends le coup de sifflet de l'arbitre qui refuse mon but, soi-disant pour jeu dangereux car mon pied avait frôlé le visage de Kastendeuch. Alors que c'est lui qui prend le risque de faire une tête plongeante !
Aujourd'hui, quand j'y repense, je me dis qu'il était un joueur très expérimenté qui s'est sûrement senti battu et qui a baissé la tête pour tromper l'arbitre. Un coup de bluff qui a marché !
Pour nous, cette décision était une véritable injustice, mon but était valable !
On se retrouve donc à égalité et il faut frapper les tirs au but. Une vraie loterie... Je tire et je marque. Même Olmeta a dû tirer son penalty parce qu'on n'était pas nombreux à vouloir s'élancer. Malheureusement, Marcelo rate sa frappe. Et dans la foulée, Cyrille Pouget marque et donne la victoire à Metz.
On était complètement abattus. D'autant plus qu'à l'époque, les Messins avaient une drôle de façon de célébrer leurs victoires en faisant la chenille sur le terrain. On avait un peu l'impression de se faire chambrer. Je me souviens aussi des larmes de Ludovic Giuly, qui était un gamin à l'époque. C'était vraiment touchant car il était inconsolable.
Après le match, un dîner était organisé avec nos épouses, les dirigeants et les sponsors. L'atmosphère était plutôt morose. D'ailleurs, je n'ai pas fermé l'oeil de la nuit. Ca reste la plus grosse déception de ma carrière de joueur.
FC Metz-Olympique Lyonnais : 0-0 (5 tab à 4)
A Paris le 6 avril 1996, Parc des Princes, devant 42 368 spectateurs.
Arbitre : Marc Batta
L'OL entraîné par Guy Stéphan : Pascal Olmeta-Jean-Luc Sassus-Marcelo-Florent Laville-Ghislain Anselmini-Sylvain Deplace-Jacek Bak-Eric Roy-Stéphane Roche-Ludovic Giuly-Florian Maurice