Quand l'entraîneur Jean-Pierre Destrumelle m'a annoncé que je serais sur le banc des remplaçants pour ce Lyon-Saint-Etienne, je n'y croyais pas vraiment. Je n'avais pas encore 16 ans. Le matin, je venais à l'entraînement en bus, comme tous les lycéens. Et on me demandait de participer à un match avec mes idoles de l'époque : Michel Platini et Johnny Rep côté stéphanois, Jean Tigana ou Serge Chiesa côté lyonnais. Des joueurs dont je collectionnais encore les photos Panini quelques semaines auparavant. Des dieux vivants, c'était complètement fou.
Sur le coup, je n'ai pas trop réalisé, c'est l'inconscience de la jeunesse. Et puis, à l'OL, des joueurs expérimentés comme Daniel Xuereb et Simo Nikolic m'ont rassuré, ce qui m'a permis de ne pas trop sentir la pression.
Avec les pros, je n'avais fait qu'un match amical contre une petite équipe. Mais là, c'étaient les Verts de Platini. En plus, la rencontre était vraiment importante car les deux équipes faisaient un très bon début de saison. On était ex-aequo en tête du classement.
C'est pour ça que le public était venu nombreux, beaucoup plus que d'habitude, même pour un derby. Avec 48 862 spectateurs, ce fut le record d'affluence historique de Gerland.
On sentait bien que les supporters attendaient vraiment ce rendez-vous. Mais la pression sur les joueurs n'étaient pas aussi forte qu'aujourd'hui, et la préparation pour un tel match était différente. Il n'y avait pas de mise au vert, le jour du match on venait simplement faire la sieste au centre d'entraînement.
Moi, ce jour-là, je n'ai pas trop dormi ! Et dans les couloirs, je me suis senti un peu angoissé. Gerland faisait un boucan d'enfer pour nous voir battre les Verts !
Il faut avouer qu'on avait quand même une belle équipe. Solide avec Yves Chauveau dans les buts, Joël Muller et Jean Tigana au milieu. Mais c'est surtout dans l'animation offensive qu'on était bons.
En première mi-temps, Saint-Etienne avait ouvert la marque par Jacques Zimako. Un but bizarre. Plus tard, il a avoué qu'il voulait mettre la balle en retrait pour Johnny Rep ou Laurent Paganelli. Mais globalement, leur avantage était mérité car ils géraient bien le match. Michel Platini n'avait pas fait une très grande partie mais on sentait qu'il pouvait changer le cours de la rencontre sur une touche de balle.
Moi, sur le banc, j'étais admiratif et finalement assez relax car je savais que j'avais peu de chance de rentrer. A l'époque, il n'y avait que deux remplacements et on ne les utilisait qu'en cas de grosse fatigues ou de blessures. Le coaching n'existait pas !
En seconde période, on a réussi à renverser la tendance et Daniel Xuereb a égalisé sur une frappe croisée du droit.
Je ne suis pas rentré mais j'en ai bien profité. Pour un premier contact avec le monde des pros, je ne pouvais pas rêver mieux. D'ailleurs, après cette rencontre, je n'ai plus quitté le groupe. Et j'ai disputé mon premier match quelques semaines plus tard contre le PSG. Ce derby de 1980, ça reste un souvenir à part.
Olympique Lyonnais-ASSE : 1-1 (0-1 à la mi-temps)
A Lyon le 9 septembre 1980, stade de Gerland, devant 48 862 spectateurs.
Buts : Xuereb (56e) pour Lyon. Zimako (44e) pour Saint-Etienne
L'OL entraîné par Jean-Pierre Destrumelle : Yves Chauveau-Alain Olio-Jean-Marc Furlan-André Ferri-Dominique Marais-Joël Muller-Jean Tigana-Serge Chiesa-Daniel Xuereb-Simo Nikolic-Daniel Lubin