En 1995, avec Ludovic Giuly et Florian Maurice, on avait une équipe assez jeune et prometteuse qui découvrait la Coupe d'Europe. Au premier tour, on avait éliminé les Portugais de Farense. Mais en 16e de finale, on est tombés sur une grande équipe : la Lazio de Rome.
Une des meilleures d'Italie à l'époque, qui alignait notamment une attaque superbe avec Giuseppe Signori, Pierluigi Casiraghi et le croate Allen Boksic. Sans oublier Alessandro Nesta qui commençait alors sa carrière en défense. Bref, contre une telle équipe, on n'avait pratiquement aucune chance.
On voulait simplement sortir du terrain la tête haute après s'être bien battus. Alors que les Italiens affirmaient que ce serait facile contre nous. Ce qui nous a motivés à bloc pour le match aller à Gerland le 17 octobre. Résultat, on a gagné 2-1 grâce à des buts de Jean-Christophe Devaux et Sylvain Deplace.
Les joueurs de la Lazio, vexés, ont refusé d'échanger leurs maillots avec nous à la fin de la rencontre. On savait donc que le match retour à Rome serait plus difficile.
On était alors 14e du championnat de France et le vendredi précédent le match retour, on avait fait match nul (1-1) à domicile contre Bastia. Tandis que la Lazio venait d'étriller la Juventus (4-0) !
Notre coach Guy Stéphan avait dit qu'on aurait "une chance sur 100 contre Lazio-là". Malgré tout, on croyait en nos chances. D'autant plus que plusieurs centaines de supporters lyonnais avaient fait le déplacement pour nous soutenir. Ce qui nous a donné du courage au moment d'entrer sur le terrain, car on n'entendait qu'eux dans le stade olympique de Rome.
Avant le match, on n'avait pas élaboré de tactique précise, même si on voulait surprendre la Lazio en contre-attaque et ne pas se contenter de défendre.
Et dès la 2e minute, on a une occasion de but par Eric Assadourian. On était donc bien rentrés dans le match.
A la 22e, j'ai dégagé le ballon sur Giuly qui l'a transmis à Maurice. Et il a marqué. On menait 1-0, c'était parfait.
Sauf que deux minutes plus tard, l'arbitre a sifflé un penalty pour une prétendue faute de Florent Laville sur Casiraghi.
Un penalty tiré par le capitaine de la Lazio, Signori, un vrai spécialiste du genre qui avait la particularité de les frapper dos au gardien de but. Mais juste avant qu'il ne se retourne, j'ai fait un peu d'intox en lui disant en italien : "Soit je l'arrête, soit tu tires à côté !". Puis il a pris son élan, je suis parti sur la gauche et il a tiré à droite... Mais à côté !
A ce moment-là, je me suis dit qu'on était bien partis et que c'était ma soirée. Même si la Lazio a alors fait rentrer Boksic, un super joueur champion d'Europe avec Marseille en 1993 et qu'on craignait tous. D'ailleurs, on a souffert et j'ai dû réaliser pas mal d'arrêts jusqu'à la mi-temps.
On s'est dit dans le vestiaire que si on continuait comme ça, on allait éliminer la Lazio. D'ailleurs, à la 49e minute, Assadourian a tiré sur le poteau avant de marquer dix minutes plus tard, sur une nouvelle passe décisive de Giuly.
A 2-0, on savait qu'on était pratiquement qualifiés. A la 70e minute, j'ai dévié un coup-franc de Signori sur la barre.
A la fin de la rencontre, les joueurs de la Lazio ont à nouveau refusé d'échanger leurs maillots. Un vrai manque de respect, un comportement typique des Italiens qui souvent n'acceptent pas la supériorité de l'adversaire.
On a fait la fête sur le terrain avec nos supporters. Puis ça a été la folie dans les vestiaires avec Jean-Michel Aulas, euphoérique, et une visite surprise de Michel Platini, venu nous féliciter. On venait de réaliser un exploit historique puisque c'était seulement la troisième fois de l'histoire qu'un club français gagnait en Italie après Bastia contre le Torino en 1977 et le PSG à Naples en 1992.
On a aussi fait la fête dans l'avion qui nous ramenait à Lyon. Plus de 300 supporters en folie nous attendaient à l'aéroport de Satolas à 3h30 du matin.
Ce match contre la Lazio reste un de mes meilleurs souvenirs de mes quatre ans à l'OL.
Lazio de Rome-Olympique Lyonnais : 0-2 (0-1 à la mi-temps)
A Rome le 31 octobre 1995, stadio Olimpico, devant 40 000 spectateurs.
Arbitre : M. Ansuategui
Buts : Maurice (22e) et Assadourian (59e) pour Lyon.
L'OL entraîné par Guy Stéphan : Pascal Olmeta-Jean-Luc Sassus-Florent Laville-Marcelo-Jean-Christophe Devaux-Christophe Deguerville-Eric Roy-Sylvain Deplace-Ludovic Giuly-Florian Maurice-Eric Assadourian