Cette année-là, on avait une bonne équipe, avec des leaders comme Ludovic Giuly ou Alain Caveglia. Mais malheureusement, en début de saison, on avait perdu Florian Maurice, qui s'était rompu le tendon d'Achille à Nantes. Une perte importante car on jouait beaucoup en fonction de cet attaquant qui avait marqué 18 buts l'année précédente en championnat.
On concédait pas mal de nuls dans les fins de matchs, on menait au score et on se faisait rattraper chaque fois. C'était cauchemardesque. On s'écroulait toujours dans les 20 dernières minutes. Résultat, on était classés neuvièmes, bien en dessous des ambitions du club.
Notre entraîneur Guy Stéphan était de plus en plus menacé. Moi, je l'aimais bien, il était proche des joueurs. Peut-être un peu trop d'ailleurs, car du coup, il manquait d'autorité. Je me souviens qu'un joueur n'arrêtait pas de se moquer de lui.
On savait donc qu'un mauvais résultat à Auxerre pouvait entraîner son licenciement. D'ailleurs, les quinze jours précédant la rencontre, on sentait Stéphan plus nerveux que d'habitude. Jouer à Auxerre était traditionnellement un déplacement difficile, on perdait souvent sur des scores lourds... Bref, on savait qu'on était en danger.
Le match démarre et ça commence mal pour nous. On encaisse un but après seulement cinq minutes de jeu. Mais on va se ressaisir rapidement et réaliser une bonne première mi-temps, avec pas mal d'occasions de buts sans réussir à les concrétiser.
En revanche, on était trop nerveux, on a pris cinq cartons jaunes en 45 minutes. Et surtout, Florent Laville s'est fait expulser juste avant la mi-temps. Ca a été le tournant du match.
On s'est dit qu'être mené 1-0 à Auxerre avec un joueur en moins, ça devenait mission impossible et on a pris un sacré coup au moral.
En seconde période, on s'est complètement effondrés alors que les Auxerrois étaient survoltés, presque impossibles à arrêter. J'avais l'impression de jouer contre 11 avions !
On a encaissé six buts, dont deux de l'algérien Moussa Saïb qui m'a vraiment impressionné ce soir-là.
Les buts défilaient et on n'arrivait pas à relever la tête. On avait complètement baissé les bras. Plus personne ne tentait quoi que ce soit sur le terrain, on était désorganisés, fatigués... Et tout ce qu'on attendait, c'était le coup de sifflet final.
Après le match, on était K.O. On est rentrés à Lyon en bus et je me souviens que des supporters lyonnais nous ont attendu à un péage pour nous insulter. On avait vraiment honte. Car des corrections comme ça, c'est quand même rare d'en prendre en Ligue 1. Tout le monde s'en souvient.
Arrivés à Lyon, on est allés boire un verre avec Florent Laville et Ghislain Anselmini pour parler du match. On voulait comprendre ce qui s'était passé. Et on savait qu'on n'arriverait pas à trouver le sommeil. On allait terminer la nuit au casino de Charbonnières mais une fois sur place, plusieurs clients se sont montrés agressifs envers nous. Du coup, on a préféré partir.
Le lendemain matin, on avait rendez-vous à Tola Vologe. Guy Stéphan a pris la parole devant tous les joueurs dans le vestiaire et il nous a demandé si on avait fait exprès de perdre de cette manière pour qu'il soit viré. Personne n'a répondu. On sentait une vraie cassure entre lui et nous. Il s'est lancé dans un monologue pour vider son sac mais en restant toujours très digne.
Après l'entraînement, Jean-Michel Aulas est venu dans les vestiaires pour annoncer que Stéphan était licencié et qu'il était remplacé par Bernard Lacombe. Un discours serein, sans agressivité. En fait, ce changement d'entraîneur ne faisait que confirmer ce qu'on lisait dans les journaux depuis plusieurs semaines.
Personne dans l'équipe ne voulait perdre de cette manière à Auxerre. Par contre, c'est vrai qu'en se voyant menés 3-0, certains ont peut-être baissé les bras rapidement en se disant qu'une raclée mettrait un terme au contrat de Stéphan qu'ils jugeaient trop faibles.
Je me pose encore des questions, car certains comportements paraissaient troublants. Pascal Olmeta ne supportait pas de prendre un but, même à l'entraînement. Il pouvait vraiment se mettre en colère. Mais à Auxerre, il en a pris sept et je ne me souviens pas l'avoir vu s'énerver...
AJ Auxerre-Olympique Lyonnais : 7-0 (1-0 à la mi-temps)
A Auxerre le 25 octobre 1996, Stade de l'Abbé Deschamps, devant 6500 spectateurs.
Arbitre : M. Giochon
Buts : Deniaud (5e), Diomède (49e), Saïb (64e), Marlet (69e), Sassus (csc 75e) et Lepaul (88e).
L'OL entraîné par Guy Stéphan : Pascal Olmeta-Jean-Luc Sassus-Florent Laville-Marcelo-Ghislain Anselmini-Christophe Deguerville-Frédéric Patouillard-Sylvain Deplace-Franck Gava-Christophe Cocard-Alain Caveglia