De ce seizième de finale de Coupe de l'UEFA face au Werder de Brême, je me souviens surtout du match aller. On avait gagné 3-0 à Gerland avec un but de Tony Vairelles et un doublé de Sonny Anderson. En fait, on a tendance à rapidement oublier les mauvais souvenirs. Et ce match 7 décembre 1999 en est un.
Cette saison 99-00 avait été assez bizarre pour l'OL. On avait fait de bons matchs à domicile, mais on avait été souvent décevants à l'extérieur.
C'était aussi la première saison où le club investissait sur deux grands attaquants. On avait donc de l'ambition, surtout en Europe.
Malheureusement, dès le tour préliminaire de la Ligue des Champions, on avait été éliminés face aux Slovènes de Maribor. Puis en Coupe de l'UEFA, on a fait de bons matchs en éliminant notamment le Celtic de Glasgow.
Avec ce 3-0 à l'aller en seizième de finale, on est sans doute allés trop confiants en Allemagne. Du coup, on a joué avec moins de motivation et moins de volonté. Cette équipe du Werder nous a aussi beaucoup surpris.
A l'aller, on ne les avait pas trouvés très bons, ils ne jouaient pas vite, sans se procurer d'occasions. Le match avait été facile pour nous, on s'est sans doute dit que ce serait la même chose en Allemagne.
En plus, Bernard Lacombe avait prévu de jouer à l'italienne, c'est-à-dire solide en défense pour faire un bon 0-0, histoire de nous qualifier sans problème.
Mais rien ne s'est passé comme prévu. On aurait pourtant dû se méfier, car le Weserstadion est surnommé le stade des miracles. Cette équipe allemande avait déjà réussi à renverser des situations et à remporter des matchs qui semblaient perdus comme en 1993 contre Anderlecht. Le Werder perdait 0-3 à la 66e minute et a gagné 5-3.
Dans les couloirs du stade, des écrans TV diffusaient en boucle ces buts de 93, ce qui a évidemment motivé l'équipe et le public. Il y avait une ambiance d'enfer, les supporters croyaient en leur chance.
Le Werder avait de très bons joueurs comme Claudio Pizarro, Andreas Herzog, Marco Bode ou Ailton.
Dès le départ, on a été totalement dominés. On s'est contentés de défendre pendant tout le match et ils ont eu un nombre incroyable d'occasions. A la mi-temps, il y avait déjà 2-0 !
Finalement, à un peu plus de 10 minutes de la fin, ils ont marqué le 4e but qui les qualifiait en huitième de finale. Nous n'avions besoin que d'un but pour les éliminer, Sonny Anderson a eu une énorme occasion dans les arrêts de jeu mais Frank Rost a réussi un arrêt spectaculaire.
On a été éliminés. Et même si les Allemands ont bénéficié d'un arbitrage maison car ils ont été peu sanctionnés malgré les fautes, leur qualification était méritée. Ils profitaient d'une période très difficile pour l'OL, on venait de perdre 3-0 à Bastia et 1-4 à Gerland contre Troyes. Soit 10 buts encaissés en trois matchs avec celui de Brême.
Je ne comprends toujours pas comment on a pu être éliminés. On était trop confiants. On a véritablement commis une faute professionnelle. En plus, l'encadrement ne nous a pas mis suffisamment de pression.
C'est seulement en arrivant à Lyon qu'on a réalisé qu'on venait de faire une énorme bêtise…On est rentrés en avion au milieu de la nuit et il y avait quand même des supporters qui nous attendaient, très en colère et certains nous ont insultés.
Le lendemain, au centre d'entraînement, c'était très chaud. Des supporters avaient tagué les murs : "Vous des millions, nous le Smic". L'OL avait fait venir un service d'ordre pour contrôler le stade et les vestiaires. C'est d'ailleurs depuis cette époque que la sécurité a été renforcée.
Werder Brême-Olympique Lyonnais : 4-0 (2-0 à la mi-temps)
A Brême le 7 décembre 1999, Weserstadion, devant 15 000 spectateurs.
Arbitre : M. Ouzounov (Bulgarie)
Buts : Bode (16e), Herzog (39e), Baumann (55e) et Pizarro (77e) pour le Werder.
L'OL entraîné par Bernard Lacombe : Grégory Coupet-Patrice Carteron-Jacek Bak-Jérémie Bréchet-Serge Blanc-David Linarès-Philippe Violeau-Vikash Dhorasoo-Sonny Anderson-Tony Vairelles