"On n’était pas là pour faire de la concurrence à la Formule 1" : quand l’OL participait à la Superleague Formula

"On n’était pas là pour faire de la concurrence à la Formule 1" : quand l’OL participait à la Superleague Formula
Tristan Gommendy - DR

A l’époque où l’OL enchainait les titres de champions de France, Jean-Michel Aulas comparait son équipe à une Formule 1.  

Il ne croyait pas si bien dire. Peu s’en souviennent, mais en 2009, le président lyonnais a inscrit son club en Superleague Europa, un championnat automobile qui regroupait des écuries parrainées par des équipes de football et portant leur couleur. L’aventure, plutôt mitigée, aura duré deux ans pour le club rhodanien.

Remontons à juin 2009. L’OL présente sa monoplace flambant neuve sur les Champs-Elysées, en présence de Nelson Panciatici, un jeune pilote de 20 ans recruté pour l’occasion. Sur le bolide, préparé par l’écurie Barazi Epsilon, le numéro 69, évidemment. Lyon rejoint alors d’autres grands clubs de football, tels que Liverpool, l’Atletico Madrid, le PSV Eindhoven ou le Milan AC, dans cette Superleague Formula, dont la première course se déroule sur le circuit de Magny-Cours à Nevers.

Dix-neuf écuries sont engagées dans cette épreuve homologuée par la Fédération internationale de l’automobile, qui entend s’affirmer pour sa deuxième année d’existence.

Les week-ends de courses sont intenses. Les Grands Prix démarrent le samedi avec des essais puis des qualifications inspirées des matchs à élimination directe en football. Deux voitures s’élancent pour un tour et la meilleure se qualifie pour le tour suivant jusqu’à la finale pour la pole. Le dimanche, deux voire trois courses sont programmées. La première en fonction de la grille des qualifications de la veille, une deuxième avec un système de grille inversée à partir de la 8e place du classement. La dernière se dispute entre les six meilleurs des deux courses. Le tout sur des circuits bien connus des amateurs de sport automobile, comme Donington Park ou Estoril.

Cette année-là, c’est Liverpool qui remporte le championnat. L’OL termine à la 17e place, sur 19 concurrents, avec un total de 160 points.

Mais l’objectif de Jean-Michel Aulas est ailleurs. L’homme fort de l’OL veut développer l’image de son club, et pas seulement sur les terrains de football malgré des qualifications en Ligue des Champions plusieurs saisons d’affilée. "Le fait que 16 autres clubs mondiaux participent à cette compétition a été une raison importante dans notre décision. C'est une réflexion de plusieurs années, on ne s'est pas lancé dans ce challenge les yeux fermés", expliquait alors le dirigeant lyonnais, qui voyait en cette nouvelle aventure "un trait d’union entre la course auto et le foot".

A la fin de la saison 2009, tous les voyants sont au vert. Plus de 100 000 personnes regardent le championnat de manière régulière, on sort un jeu vidéo et le principal sponsor, Sonangol, un groupe pétrolier angolais, semble solide. De plus en plus de pilotes de renom s’intéressent au concept et pour sa deuxième participation, en 2010, Lyon s’offre Sébastien Bourdais. Remercié par Toro Rosso en Formule 1, le Français s’était engagé en Superleague Formula avec le FC Séville, remportant une course au passage en 2009, avant son transfert à Lyon donc. "Avoir recruté Sébastien Bourdais est la garantie d’avoir l’un des meilleurs pilotes actuels derrière le volant. De plus, il a déjà l’expérience de ce championnat où il a débuté l’an dernier avec succès", se félicitait à l’époque Laurent Redon, le dirigeant de l’écurie lyonnaise.

Si l’OL ne parvient plus à remporter de trophées en football après une longue hégémonie sur la scène nationale, la saison 2010 débute bien sur les circuits. La monoplace 69 remporte la deuxième course de l’année. Ce sera là le seul fait d’arme de Sébastien Bourdais avec Lyon. Le pilote quitte l’OL après cinq courses. Il est remplacé au pied levé par Celso Miguez, puis Franck Perera, mais c’est Tristan Gommendy qui se retrouve aux manettes de la voiture pour les quatre derniers Grands Prix.

"L’ambiance était vraiment sympa", se souvient pour Lyon Foot le pilote aujourd’hui âgé de 44 ans. "On a eu beaucoup de courses dans des endroits assez impressionnants, comme à Beijing ou Ordos en Mongolie. Le niveau était très relevé et personne n’avait plus rien à prouver, on n’était pas là pour faire de la concurrence à la F1", se rappelle Tristan Gommendy. "L’OL suivait de près le circuit. Jean-Michel Aulas était venu la première année et le club apportait du financement, j’avais fait pas mal d’opérations avec eux", poursuit l’ancien pilote qui a également conduit pour le Galatasaray et les Girondins de Bordeaux.

L’année 2010 sera la dernière pour l’OL en Superleague Formula. La plupart des autres écuries mettront aussi la clé sous la porte alors que le principal sponsor quitte l’aventure. "On peut parler d’échec, bien sûr. Les joueurs étaient très pris et ne venaient pas. L’automobile et le football étaient deux mondes qui se croisaient mais qui ne se côtoyaient pas. Sur les réseaux sociaux, ça commençait à prendre pas mal, mais les fans de foot ne venaient pas regarder nos courses dans le but de supporter leur club. C’est de ce point de vue-là que c’est un échec. Il n’y a jamais eu d’engagements forts de la part des clubs de foot", regrette Tristan Gommendy.

Faute d’argent, le championnat, initié par l’homme d’affaires anglais Robin Webb, s’arrête en 2011. On n’entendra plus jamais reparler de la Superleague Formula.

F.L.

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