Mais gare aux excès pendant les fêtes de fin d’année. Si cela avait été source de crispation en début de saison, avec des amendes à la clé et quelques privations alimentaires imposées au réfectoire du Groupama OL Training Center, les Gones n’éviteront pas le passage sur la balance à la reprise, avec une marge de tolérance d’un seul petit kilo.
"Les joueurs sont un peu moins surveillés pendant la trêve, mais ils doivent tout de même faire attention. Un kilo de plus sur la balance, ça ne représente que très peu d’excès", nous explique Laurène Gaucher. Cheffe à domicile pour un joueur de l’OL dont elle doit taire le nom par soucis de confidentialité, la jeune femme de 34 ans a accepté de lever le voile sur cet aspect pourtant primordial dans la forme physique d’un footballeur. "50% des résultats des sportifs proviennent de la nutrition et de l’hygiène de vie", assure Laurène Gaucher. Avant de préciser : "Une bonne nutrition réduit le risque d’inflammation et de blessures musculaires".
Comme le jeu en vaut la chandelle, ils sont plusieurs joueurs de l’OL à avoir recours à des chefs particuliers, en lien avec la diététicienne du club. C’est cette dernière qui donne les consignes à suivre : 3000 calories par jour, 130 grammes de viande ou de poisson le midi et le soir, 100 grammes de légumes et 100 grammes de féculents le midi. Une portion qu’on supprime ensuite pour le dîner.
Chaque régime est propre au joueur car tous n’ont pas le même métabolisme. "Ils se pèsent tous les mois et font une prise de sang régulièrement. En fonction des résultats, on me demande d’adapter mes menus", indique Laurène Gaucher, qui avait déjà été cheffe à domicile pour l’ancien joueur de l’OL, Maxwell Cornet.
Alors parfois, il est difficile de varier : "Mais j’essaie toujours d’innover et de trouver des recettes", sourit celle qui travaille six jours sur sept. "Mon jour off, le joueur a le droit de se faire un peu plus plaisir. Il ne faut pas générer de frustration". Car de nombreux aliments sont utilisés en quantité très limitée. Le sel, en premier lieu, mais aussi le beurre. "L’ennemi du footballeur, c’est le gras. Les gnocchis au gorgonzola, on oublie. On va privilégier une sauce pesto car l’huile d’olive est moins grasse", affirme-t-elle. On essaye aussi de ne pas trop avoir recours aux pommes de terre, jugées trop riches. "Donc j’alterne, entre les pâtes, le riz, les lentilles, les pois-chiches", énumère cette ancienne styliste.
Malgré ces contraintes, les recettes proposées par Laurène Gaucher au joueur et à sa famille sont alléchantes.
On retrouvera par exemple une salade composée, avec de la sucrine, des endives, de l’avocat, des noix, des cranberries et des raisins secs, des radis, du fromage de chèvre au miel et à la betterave, ou bien un poulet mariné à la créole accompagné d’amandes, de baies de goji, de mûres séchées et d’une purée de marrons.
Parmi les plats proposés également, un ramen diet servi avec des nouilles, des gyozas aux légumes, des crudités, des épinards et un bouillon miso de curry rouge ainsi qu’un trio de tacos, version light, avec du bœuf mariné au soja, du thon frais et des crevettes, auxquels ont été rajoutées des crudités et une sauce sriracha pour relever le goût.
Autre inspiration : un plat réalisé à partir de nouilles de riz, de gingembre, de lait de coco. Le tout relevé au piment, servi avec de la salade, des légumes crus et une sauce d’huître.
"Le joueur et sa famille aiment beaucoup la cuisine saine, avec des inspirations asiatiques ou méditerranéennes", précise la cheffe privée, qui ne travaille que des produits de saison tout en composant avec les goûts de son client. "En l’occurrence, j’ai tendance à éviter le brocoli et je m’emploie à trouver des alternatives avec d’autres légumes verts".
Une importance particulière est aussi portée au petit-déjeuner, avec la consigne d’éviter de manger sucré pour éviter le pic de glycémie deux heures après, et la fringale qui va avec. "Donc il vaut mieux partir sur une tartine de fromage blanc type Philadelphia, avec un œuf, ou un avocado toast. Et on privilégiera plutôt une touche de sucré pour le goûter", conseille Laurène Gaucher.
L’hydratation est également scrutée à la loupe, avec l’obligation pour le joueur de boire chaque jour 1,5 litre d’eau gazeuse citronnée et un verre de jus de cassis, qui a des propriétés détoxifiantes.
Il faut aussi s’adapter au calendrier des rencontres, de Ligue Europa et de Ligue 1, dont les horaires varient régulièrement, comme l’explique la trentenaire. "Quand l’OL joue à 15h par exemple, je ne m’occupe pas du repas du joueur la veille au soir car il part avec le groupe. Quand l’OL joue le soir à 21h, je lui prépare son repas pour le dîner la veille, mais jamais pour le déjeuner du jour de la rencontre".
Les veilles de match, justement, les portions sont toujours un peu plus grosses et le repas doit forcément inclure des pâtes. "Ce n’est pas un mythe !", s’amuse la cheffe, qui ne se prononce pas en revanche sur le lien entre l’efficacité de Malick Fofana devant les buts et sa consommation de saumon largement conseillée par son coéquipier Moussa Niakhaté.
F.L.