Vanessa Gilles (OL féminin) : "On a les yeux rivés sur la Ligue des Champions"

Vanessa Gilles (OL féminin)  : "On a les yeux rivés sur la Ligue des Champions"
Vanessa Gilles - Lyon Foot

A 28 ans, Vanessa Gilles est une titulaire incontestée à l’OL féminin. La Franco-Canadienne, élue Joueuse de l’année 2024 de Canada Soccer, s’épanouit dans un club avec lequel elle espère encore remporter deux trophées cette saison. La défenseure centrale a accepté de se confier, pour Lyon Foot, sur son futur à Lyon, les évolutions du football féminin et ses ambitions en Ligue des Champions. Un entretien sans filtre.

Ce mois de mars marque le retour de la Ligue des Champions pour l’OL féminin. Ce sera contre le Bayern. Vous retrouvez l’Europe avec de grandes ambitions ?

Ça fait quelques années qu’on n’a pas ramené la coupe à la maison. Alors chaque année, on entre dans la compétition avec l’objectif de remporter ce grand trophée. Moi, ça fait trois ans que je suis à l’OL féminin et je ne l’ai toujours pas remporté, donc à titre personnel, j’ai extrêmement faim. Mais je ne suis pas la seule, l’équipe aussi. Et avec l’effectif qu’on a et notre potentiel, on a toutes les yeux rivés sur cet objectif.

Ce sera l’occasion d’enchainer de nouveau les matchs car le début d’année a été plus tranquille depuis votre élimination prématurée en Coupe de France. C’était l’occasion d’une grosse remise en question ?

Ce n’était pas une remise en question totale, mais c’est sûr que c’était une bonne claque. Quand on reprend en janvier, la remise en route est toujours difficile mais on ne cherche pas d’excuses. Le terrain était le même pour tout le monde, on savait qu’on avait du mal à transpercer les blocs bas. Ça a été l’occasion de se rassembler et de parler et si ça peut nous servir de leçon par la suite, tant mieux ! Quoiqu’il en soit, c’était dur de ne pas beaucoup jouer en janvier et février, alors on attendait ce mois de mars avec beaucoup d’impatience !

Paradoxalement, cette saison, vous dominez très largement le championnat, avec deux victoires solides sur le PSG…

Si on est honnête, le PSG a beaucoup de difficultés cette année. Ça prouve que c’est difficile de rester toujours au plus haut niveau, surtout quand il y a un changement de staff et des changements dans l’effectif même avec de bonnes joueuses. La Ligue s’allège, peut-être, mais quand les équipes comme le PSG baissent un peu le niveau, ça explique un peu cet écart en championnat. Ça ne veut pas dire non plus que ce sera facile de remporter les play-offs. Qu’on ait un ou huit points d’avance, on abordera les play-offs avec tout le sérieux qu’on nous connait parce qu’on sait que ça ne va pas être facile.

Et pendant ce temps, en Europe, les clubs se renforcent de plus en plus. Le FC Barcelone, Chelsea, notamment… Comment est-ce que vous voyez cette concurrence ?

Ça fait plaisir de voir plus d’équipes investir et tirer le foot féminin vers le haut. Pendant des années, l’OL était un peu le précurseur et ça a montré que les investissements portaient leurs fruits. De voir que Chelsea, le Barça, même d’autres clubs comme le Bayern, Manchester City ou Arsenal, investissent non seulement pour gagner des titres mais aussi sur le long terme, ça fait plaisir. Surtout quand on voit ce qu’ont fait le Barça ou Arsenal d’un point de vue marketing. Ça montre que le foot féminin est un business légitime, au même titre que le football masculin, qu’il suffit de construire une base pour ensuite travailler dessus. Après, c’est vrai que cette concurrence rend la tâche de remporter la Ligue des Champions de plus en plus difficile.

On a justement l’impression que le football féminin est à un tournant de son histoire. Avec un transfert, celui de Naomi Girma vers Chelsea, qui a dépassé pour la première fois le million d’euros…

Il y a plusieurs facteurs. Les contrats dans le foot féminin deviennent de plus en plus longs. Avant, un contrat ne durait que deux ans donc payer un transfert ne faisait pas beaucoup de sens. Maintenant, certains contrats durent trois, quatre, cinq ans, donc il faut forcément payer pour libérer la joueuse, et encore plus quand elle a des qualités. De savoir qu’un club investit sur toi sur le long terme, c’est important en termes de sécurité et de confiance et c’est quelque chose de nouveau dans le sport féminin.

Vous, vous êtes prêtée par Angel City à l’OL féminin. Ce prêt touche à sa fin en juin prochain. Comment est-ce que vous voyez votre avenir ?

C’est une bonne question… Mon prêt s’arrête à la fin de la saison et mon contrat avec Angel City prend fin en décembre. Je discute avec les deux parties mais si je suis honnête, je vois mon avenir en Europe. J’espère à Lyon. Je dis toujours que Lyon, ça ne se refuse pas. C’est devenu une maison pour moi et pour ma famille. Mes parents ont trouvé une communauté au sein des supporters donc ça me fait plaisir de voir qu’ils sont attachés au club. Ils sont encore plus grands fans que moi de l’OL. Après voilà, tout peut arriver, on verra où mènent les discussions. Mais que ce soit Angel City ou Lyon, je sais que je suis entre de très bonnes mains.

En tout cas à l’OL, vous êtes l’une des joueuses les plus utilisées par Joe Montemurro. Sur quels points est-ce qu’il vous fait travailler au quotidien ?

Il fait travailler tout le monde de la même façon. Il aime le jeu avec le ballon, il nous aide à progresser avec la balle, être à l’aise dans la possession même quand on est sous pression, que tu sois défenseure centrale, milieu ou attaquante. C’est vraiment sa vision des choses.

Il y a aussi la vie en sélection… Vous êtes régulièrement appelée avec l’équipe nationale, vous avez même été élue Joueuse de l’année 2024 de Canada Soccer. Ça représente quoi pour vous de jouer pour le Canada ?

C’est une énorme fierté. Je suis franco-canadienne. Ce n’était pas un choix facile mais plutôt évident, puisque j’ai été élevée dans cette culture et j’ai commencé ce sport grâce à des joueuses comme Christine Sinclair ou Kadeisha Buchanan. Je rêvais de les avoir comme coéquipières un jour. A chaque fois que je vais en sélection, c’est un honneur et c’est comme si c’était la première fois à chaque fois.

Vous avez quand même été appelée en équipe de France, avec les U23… Vous vous souvenez de cette seule et unique Marseillaise ?

Oui, c’était avec les jeunes. C’était incroyable de voir Clairefontaine ! Avec la grosse statue de la Coupe du monde, les deux étoiles, ça c’est un centre de foot ! Après, j’ai le passeport, mais est-ce que j’aurais pu être vraiment sélectionnée avec les A, car c’est une équipe qui a énormément de talents, surtout au poste de défenseur central, la concurrence est rude… Mais bon, pour moi, mon cœur va pour le Canada.

Et ce qu’on ne sait pas, c’est qu’à la base, vous étiez une joueuse de tennis ! Vous n’êtes arrivée au foot que très tardivement, vers l’âge de 15 ans, et il vous a fallu des heures et des heures d’entrainement pour vous mettre au niveau…

Je travaille encore dessus (rires). J’ai commencé tardivement car mon frère et mes amis jouaient au foot. Et pour continuer à jouer à l’université, ou même pour avoir une bourse, il faut quand même savoir faire une passe (rires). J’ai beaucoup travaillé. Perdre ou être nul dans un domaine, quand tu es compétitrice, ça te fout les boules. Donc j’ai tout fait pour pas qu’on se moque de moi à l’entrainement. Mais je ne n’ai jamais regretté d’avoir changé.

Mais on a l’impression que quoique vous fassiez, c’est toujours dans la bonne humeur. Vous avez un compte Tik Tok à mourir de rire. Finalement, c’est ça la clé pour réussir ?

Je pense qu’il y a des jours plus faciles que d’autres pour s’amuser, rigoler et s’entrainer dans la bonne humeur. C’est important dans le collectif aussi. Quand il y en a une qui n’a pas d’énergie, c’est important d’avoir une coéquipière qui soit là pour t’en donner. Alors quand j’ai assez d’énergie et de bonne humeur, c’est facile pour moi de faire rire les gens et je le fais avec plaisir. Et quand ça va un peu moins bien, je compte sur mes coéquipières, par exemple Ada (Hegerberg) Sara (Däbritz) ou Lindsey (Horan) pour me donner l’énergie nécessaire. Et c’est ça qui fait la force d’une équipe.

F.L.

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1 commentaire
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polichart le 17/03/2025 à 18:04

super l'équipe féminine de l' olympique lyonnaise

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